NIS 2 – Contrainte ou opportunité pour les entreprises et collectivités ?

17/04/2025

La directive européenne NIS 2 (« Network and Information Systems », version 2) s’apprête à redessiner en profondeur le paysage réglementaire de la cybersécurité en France.

Récemment adoptée par le Sénat dans le cadre du projet de loi sur la résilience des infrastructures critiques, elle est sur le point d’être transposée et applicable dans le droit français. Pour des milliers d’organisations, publiques comme privées, cette évolution marquera ainsi prochainement une transformation majeure, bouleversant les règles du jeu par de nouvelles obligations et des sanctions sans précédent.

Dans ce contexte, Hozzeo Cybersecurity, entité spécialisée de l’écosystème Hozzeo Group, décrypte les fondements de cette directive, les enjeux qu’elle représente pour les entreprises et collectivités, et les leviers à mobiliser pour y répondre efficacement.

Pourquoi les dirigeants doivent désormais placer la cybersécurité au cœur de leur stratégie ?

Face à la multiplication des cybermenaces et à la dépendance croissante aux technologies numériques, l’Union européenne a choisi de renforcer son cadre réglementaire en matière de cybersécurité avec l’adoption de la directive NIS 2. Publiée au Journal officiel de l’UE en décembre 2022 et en cours de transposition à l’échelle nationale, cette directive succède à la directive NIS de 2016, jugée insuffisante pour répondre aux défis actuels.

L’objectif principal de NIS 2 est d’harmoniser et élever le niveau de sécurité des réseaux et systèmes d’information dans l’ensemble des États membres, par un accroissement des obligations et leur élargissement à un plus grand nombre d’acteurs : là où NIS1 s’adressait à un cercle restreint d’environ 300 entités, NIS2 en vise désormais près de 15 000.

Mais au-delà de l’élargissement du périmètre, c’est un changement global de gouvernance qui s’opère : la cybersécurité devient une responsabilité de direction, engageant directement le top management en cas de carence.

Une rupture majeure : la cybersécurité devient une responsabilité de direction

La directive introduit plusieurs changements d’envergure, que les organisations doivent anticiper, plaçant la cybersécurité comme composante essentielle de la gouvernance d’entreprise.

Un périmètre considérablement élargi

La nouvelle directive élargit le spectre réglementaire, passant de 7 secteurs initialement ciblés à 18 secteurs qualifiés de critiques ou hautement critiques (énergie, transport, agroalimentaire, eau, chimie, gestion des déchets, etc.), soit près de 35 sous-secteurs.

En France, cela se traduit par l’entrée dans le périmètre de milliers d’acteurs supplémentaires, parmi lesquels les collectivités de plus de 30 000 habitants.

À retenir : Toute organisation opérant dans ces domaines peut être concernée, même si elle ne l’était pas sous NIS 1.

Une logique de chaîne de valeur

NIS 2 introduit une nouvelle approche systémique : les prestataires et sous-traitants critiques entrent eux aussi dans le champ d’application et sont donc également soumis à des obligations. L’ANSSI alerte en effet sur les attaques via fournisseurs, soulignant que de nombreuses menaces se propagent en exploitant des vulnérabilités situées en amont, chez des entités intermédiaires.

À retenir : L’évaluation de la résilience cyber et de la robustesse des partenaires devient une priorité stratégique, sous peine de voir sa propre organisation mise en cause et exposée à des sanctions.

Une responsabilisation individualisée des dirigeants

Le texte est clair : la direction est désormais responsable des décisions liées à la cybersécurité. « Le PDG et le conseil d’administration doivent savoir quoi faire », insiste Bart Groothuis, rapporteur NIS2 au Parlement européen. La version française du texte va dans le même sens, prévoyant des mesures administratives et disciplinaires pour les dirigeants en cas de défaillance.

À retenir : Les responsabilités ne se limitent plus au seul RSSI. Les dirigeants doivent comprendre, piloter et assumer les choix stratégiques en matière de cybersécurité.

Des sanctions dissuasives

Le montant des amendes pour non-conformité peut atteindre « au moins 7 millions d’euros ou 1,4 % du chiffre d’affaires mondial » pour les entités importantes, et « au moins 10 millions d’euros ou 2 % » pour les entités essentielles. À cela peuvent s’ajouter des restrictions d’activité, voire des interdictions temporaires d’exercice : les sanctions sont à la hauteur des enjeux.

À retenir : Cette pression réglementaire pousse les organisations à renforcer leurs dispositifs de cybersécurité pour limiter à la fois les risques juridiques et les pertes financières en cas d’incident.

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Des actions à initier dès à présent

Pour se préparer à la mise en conformité vis-à-vis des futures exigences NIS 2, les organisations doivent adopter sans délai une approche globale et pérenne de la gestion des risques numériques et se doter des dispositifs techniques et organisationnels permettant une structuration méthodique et transversale de la cybersécurité, pilotée au niveau de la direction.

Instaurer une gouvernance claire et structurée

La cybersécurité devient une composante à part entière de la gouvernance d’entreprise. Cela implique :

  • Une politique de sécurité formalisée et actualisée, cohérente et adaptée à la réalité opérationnelle de l’organisation,
  • Des plans de gestion de crise clairs et des procédures de notification rapide,
  • Des contrats prestataires intégrant des clauses de cybersécurité précises.

À retenir : Tous ces éléments devront être documentés et audités. La future loi prévoit des contrôles renforcés, notamment par l’ANSSI, ainsi que des audits externes.

Renforcer les compétences au sommet

Les dirigeants devront suivre des formations spécifiques pour évaluer les risques et superviser leur traitement de manière éclairée.

À retenir : La cybersécurité n’est plus un domaine réservé aux experts techniques. Elle devient un enjeu stratégique à intégrer au plus haut niveau de décision.

Mettre en place un système de reporting rigoureux

En cas d’incident, plusieurs étapes sont attendues :
  • Une alerte sous 24 heures,
  • Un rapport initial sous 72 heures,
  • Un rapport final un mois après l’incident.

À retenir : Cette réactivité permet de limiter l’ampleur des attaques et de renforcer la coordination nationale.

S’assurer de la résilience de sa chaîne d’approvisionnement

NIS2 impose une vision intégrée de la cybersécurité. Il est attendu des organisations qu’elles s’assurent que leurs fournisseurs critiques appliquent des mesures de sécurité robustes et traçables.

À retenir : Les processus d’achat doivent intégrer des exigences de sécurité claires, et la direction doit être en mesure de démontrer la solidité de son écosystème de partenaires face à une autorité de contrôle.

Des questions à se poser sans attendre

  • Mon organisation est-elle concernée, directement ou indirectement ?
    Une vérification est possible sur le portail officiel : MonEspaceNIS2 – Suis-je concerné ?
  • Faisons-nous partie des entités « essentielles » ou « importantes » ?
    Ce statut détermine le niveau d’exigence et d’exposition réglementaire.
  • Sommes-nous en capacité de gérer un incident cyber et d’en assurer le suivi en temps réel ?
  • Nos fournisseurs critiques sont-ils identifiés et sécurisés ? Pouvons-nous le prouver ?

Une opportunité stratégique, bien plus qu’une contrainte

Si la directive impose des obligations contraignantes, elle offre également l’opportunité d’engager une véritable transformation positive pour l’organisation.

Réduire l’impact financier d’une cyberattaque

Un incident majeur peut paralyser une organisation durant plusieurs semaines. Le coût global (pertes d’exploitation, atteinte à la réputation, indemnisations…) dépasse largement celui d’une organisation cyber résiliente.

Renforcer la confiance et l’image

Être conforme à NIS2, c’est démontrer un haut niveau de sécurité numérique. Cela constitue un avantage concurrentiel auprès des clients, partenaires et investisseurs. Le Sénat envisage d’ailleurs un label de confiance, pour valoriser les efforts des entités régulées.

Inscrire la cybersécurité dans sa stratégie ESG

La cybersécurité s’impose désormais comme un pilier de la gouvernance responsable, aux côtés des volets environnementaux et sociaux. Respecter NIS2, c’est affirmer une posture proactive en matière de responsabilité numérique.

Saisir une opportunité de modernisation

La mise en conformité peut permettre de revoir les processus numériques, d’actualiser les infrastructures obsolètes, et de structurer des environnements plus résilients, au bénéfice de l’innovation.

Un véritable enjeu de leadership

En plaçant la cybersécurité au cœur des responsabilités de la direction générale, NIS2 marque donc un tournant culturel. Il ne s’agit plus d’un simple sujet IT, mais bien d’un enjeu stratégique majeur. Pour anticiper son entrée en vigueur, très certainement courant 2025, les dirigeants doivent revoir dès aujourd’hui leurs priorités.

Et si cette obligation devenait l’opportunité de faire de la cybersécurité un levier de performance et de différenciation ?

SOULIGNEMENT-CYBERSECURITE

Chez Hozzeo Cybersecurity, nous accompagnons les organisations dans l’analyse de leur exposition au risque réglementaire et dans la mise en place de dispositifs de conformité robustes, adaptés à leur métier et à leur maturité.

Vous souhaitez évaluer votre niveau de préparation à NIS2 et faire de cette transition un accélérateur et un avantage concurrentiel valorisable auprès de vos clients ?

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